Après la vie...la mort ? Non, la mort-vie !

Huitième Lune de Mounorath de l'An 2, je suis mort ce jour là.

La bataille au château de Barla faisait rage. Les orcs, trolls et nains faisaient face tant bien que mal aux saurus, félys, elfes, centaures et humains, et tout ceci orchestré par Thanédel pour éradiquer le plus de monde possible afin de favoriser sa domination sur les terres de SarWyen.
Après plusieurs heures de guerre acharnée, la victoire se trouvait dans le camp des humains, dans mon camp, car je ne sais par quelle folie j'avais décidé de défendre des idéaux communs avec les autres races, moi qui était pourtant si méprisant envers les autres. Peut être était ce la dernière parcelle d'humanité qui restait en moi, quoi que j'aurai pu dire.
Mais tout est terminé à présent...

Bref, satisfait de notre victoire, partageant pour une fois, rien qu'une fois, ma satisfaction et ma joie avec les autres, je faisais partie dès lors des races dominantes sur SarWyen. Peu m'importait à vrai dire, puisque à part les Saurus que je continuais tant bien que mal à respecter, je méprisais de toute mon âme toutes les autres créatures.

Le combat m'avait épuisé. Une nouvelle fois, tellement de sang avait coulé grâce à moi ! Peut être était ce cela qui me réjouissait le plus. Voir les autres souffrir sous ma lame et ma magie était pour le moins jouissif. Toujours est il que j'avais décidé de rester dans la salle du trône afin de savourer ma victoire comme il se doit.
Je suis resté là, à attendre, devant tous ces cadavres atrophiés, tout ce sang. Ce fut un si beau spectacle à mes yeux qu'il m'était difficile de décrocher.

Ils étaient tous partis. Le château semblait bien vide ! Mais moi je restais là, dans un état de fascination tel un halluciné. J'en voulais encore ! Toujours plus ! Du sang, encore et toujours !
Je n'avais plus de forces et avait depuis longtemps relâché mon attention. Le paisible château s'éteignait peu à peu. Il était temps de quitter les lieux. Tout le mal était fait.

Mais c'est à ce moment que quelque chose d'étrange s'est produit. J'ai ressenti une vive brûlure dans le ventre, et avant de m'apercevoir de quoi que ce soit, j'étais tombé au sol, agonisant.
Quel imbécile avais-je été ! Il en restait donc un ! Je ne sais pas comment ni d'où est venu le coup, mais on m'avait bien eu...
Mon ventre était transpercé et laissait apparaitre une plaie béante de laquelle tout mon sang s'écoulait !

Gleurrrb...j'ai...mal...tellement...mal...
Ah ! Ahaaa...quelle fin minable ! Bleurg ! fis-je, crachant des quantités abondantes de sang.

Je vais donc...mourir...moi ?! Moi ?!

Ma marque sur mon oeil s'éteignait peu à peu. Cette fois ci...la vie me quittait vraiment.

Tant pis...je me suis bien amusé...pfffff... dis-je avec un sourire peu rassurant.
Mais en réalité j'avais peur. Tellement peur de la mort ! Moi qui l'avais tant donnée !

Dans un dernier effort je me hissai loin de mon agresseur qui s'était effondré lui aussi peu apres m'avoir attaqué, en rampant sur le sol pourpre.

Je...j'ai froid...j'ai si froid... parvins je à articuler, avant de sombrer dans un sommeil sans fin.
Tout était devenu noir.

La mort.

Quelle étrange sensation. Désagréable. Malsaine.
J'ai chaud, je brûle. Je souffre...
Je suis donc en Enfer ? Mais je ne vois rien. Le néant. Tout est noir. Mon corps me brûle atrocément, je n'en peux plus...

J'ouvre un oeil, à moitié inconscient, puis l'autre. Il fait nuit, je ne sais pas bien dans quel endroit je me trouve. Tout est si calme...
Puis soudain, j'aperçois une créature qui me regarde. Squelettique, son visage est si blanc...
Est-ce un habitant des Enfers ?

Fascinant...

Il me regarde. Et je constate que je suis allongé sur un tombe, dans une marre de sang. Mon sang, partout...
Non...je suis retourné à la Nécropole ? Comment ?

Le comte Saritram était perché sur la tombe. C'était lui alors...
Et moi j'étais si faible...incapable de bouger. Mon corps me brûlait tellement. Et je constatai que mon horrible marque s'était étendue partout sur mon corps sans vie. Voilà la raison de ces brûlures. Que ça cesse, par pitié...

Tenez, buvez. me dit le comte.

M-merci...

Il me tendit un calice dans lequel se trouvait un liquide rougeâtre. Ma tête me tournait. Et sans réfléchir, sans hésiter, machinalement, je le but.

Reposez vous encore un peu Sieg Hart. Je vais veiller sur vous.

Le sommeil me regagna instantanément. Que m'arrivait-il ?

Cette sensation...

Les brûlures avaient disparu. Je ne ressentais plus rien. Absolument plus rien. Comme une sensation de vide en moi. un vide qui grandissait, encore et encore...
Comme je me sentais reposé ! Calme. Plus rien ne pouvait venir me contrarier. Comme j'aurais souhaité rester dans cet état de bienfaisance éternellement !
La mort n'était pas si terrible que cela après tout.

Néanmoins je sentis que j'étais aspiré hors du temps, hors de l'espace, hors de tout...
Je me réveillai à nouveau. Parfaitement détendu.
La lune començait à disparaitre, ce devaient être les premières lueurs du matin. Et le comte était, comme promis, toujours là.

Je...je suis... commençai-je à lui demander.

Oui, c'est cela. Vous êtes mort Sieg Hart. me coupa t-il.

La tombe sur laquelle je me trouvais portais en effet mon nom.
Je portai ensuite la main à mon coeur et constatai qu'il ne battait plus. Je ne respirais plus. Mais je me trouvais bel et bien là, dans la Nécropole d'Ikual, à parler au comte.

Étrangement ce qu'il me dit ne me perturba pas. Je n'étais ni choqué, ni terrorisé. Je ne ressentais rien à part une sérénité absolue. Je n'avais jamais été aussi calme et détendu.

...

Je me sens bien. Terriblement bien...

Je regardai mes mains, puis mon corps. Effectivement, c'était bien moi.

Alors c'est vous qui...

Non. Je n'ai fait qu'accélerer le processus.
Apparemment, j'ignore comment mais vous étiez déja destiné à devenir une goule. Vous voyez ? Nous sommes semblables à présent.

Je vois... lui répondis-je, toujours aussi serein.


J'avais oublié les sentiments. J'étais devenu incapable d'aimer, ni de ressentir quoi que ce soit d'autre.
Ma peau était froide, si froide...et si blanche.
Je ne ressentais plus la douleur non plus.

Malgré cela, je sentais une rage bouillonnante au plus profond de mon âme disparue. Ceci mêlé à un profond sentiment de plénitude.
J'étais devenu...un mort-vivant. Un être damné, condamné à une existence éternelle. Et je compris que ce châtiment -maudite marque- était bien pire que n'importe quelle mort ne pourrait l'être.


Ne vous inquiétez pas. Bientôt vous n'aurez même plus conscience de tout cela. Tout comme de votre vie antérieure. La dernière parcelle d'humanité qu'il reste en vous ne tardera pas à s'effacer mon bon Sieg Hart. Néanmoins, à l'inverse des goules ordinaires, pour préserverez une partie de votre âme, tout comme moi.

Ma marque, symbole de ma damnation éternelle, qui me poussait à exterminer le plus de victimes, était réapparue sur mon oeil gauche, plus écarlate que jamais elle ne l'avait été.
Une nouvelle "vie" commençait alors pour moi.
Et déja les Ombres se réunissaient et dansaient à mes côtés...

Pas que je sâche. La religion n'est que sottise à mes yeux. Je n'ai jamais cru à un quelconque dieu, et n'y croirai jamais.

Machinalement, je but une nouvelle fois la sang que me tendait le comte, et avala goulument les restes de chair qui se trouvaient sur le crâne.
Comme si cela était tout à fait naturel.
Comme si j'avais toujours fait ça...

C'est...ce n'est pas mauvais. Et mes dents sont restées tout à fait normales. répondis-je, avant de réfléchir un instant.

Ce que je ressens ? Je ne sais pas. Je me sens tellement bien...
Fu fu fu...soif de sang ? Peut être bien. Je sens...je sens que le massacre ne fait que commencer.
Cette rage qui bouillonne en moi...alors que je me sens si calme...

Interessant ...

Dites moi, lequel des deux vous à le plus plus ? Sang ou chaires ?

* Lui dit il en sortant sa dague de son étuis *

Ouvrez la paume de la main Sieg Hart ... je voudrais aussi savoir si vos répondez encore à la douleur pendant que vous me répondez.

[HRP]Je reprends à la 3eme personne, je préfere ^^[/HRP]


Finissant de croquer les derniers lambeaux de chair qu'il restait sur le crâne et ayant fini de vider le verre de sang, le sorcier recracha un élément non identifiable qu'il venait d'ingurgiter, puis répondit:

...
Oh, hé bien, vous savez...peu m'importe à vrai dire. Je dirais à priori la chair...mais je ne sais même plus si je ressens encore le besoin de manger ou de boire...

Il s'arrêta, puis regarda le comte avec un étrange sourire qui n'avait plus rien d'humain.

Pfff...quant à votre demande...je vais faire mieux.

Le mort-vivant ferma les yeux, les rouvrit aussitôt, puis attrappa son bras gauche avec l'autre bras. Il n'eut même pas besoin de tirer fort que son bras se détacha, comme s'il était tout à fait normal qu'un bras de détache de cette façon.
A l'endroit de la coupure coulait un liquide noir -à priori une sorte de nouveau sang- qui se répandit sur le sol.

Sieg Hart replaça son bras au bon endroit et celui-ci se ressouda tout seul, comme par magie.
Cette sensation ne lui était pas désagréable, au contraire...
Un léger picottement mais rien de grave. De toute façon il était déja mort.

Hun hun...cela vous suffit-il comme réponse ?

Saritram regardait Sieg telle un enfant amusé par un nouveau jouet, le sourire au lèvre il approcha sa main du bras de Sieg et tira d'un coups sec à son tour.

Essayez de bouger le bras maintenant.

Lui dit il après avoir fait quelque pas en arrière le bras de Sieg toujours au bout du sien.

Vous semblez résoudre votre étrange fragilité par une cicatrisation ... casi instantanée ... très ingénieux.

Hé ! Rien de plus facile. dit le sorcier, toujours aussi détendu.

Il se concentra sur son bras manquant, et celui-ci se mit à bouger, faiblement au début, puis le mouvement accéléra. Le bras se détacha de l'emprise du vampire pour retomber à terre et revenir en avançant avec les doigts jusqu'à son propriétaire.

Plutôt pratique en effet... fit le sorcier en remettant de nouveau son bras en place.

Voyant le comte amusé, il ajouta:

Cela vous amuse tant que ça ? Cessez ce petit jeu avec moi, comte. Venez en au fait. dit-il séchement.

Saritram regarda le mort vivant d'un air mauvais sortant de sa petite poche une flasque en verre.

Je ne sais pas trop si je dois vous montrer ceci. Je l'ai "emprunté" dans la tanière du Saurus nécromant ... c'est assez recherché.

Il déposa alors dans la paume de sa main un liquide argenté qui semblait vivant. Il plongeât alors sont regard à t'intérieur du reflet miroir de celui-ci.

Des images floues apparues alors et des souvenirs tels que la mort de son fils et de sa femme, faisant alors bouillir le liquide qui avait pris une teinte rouge. Le visage du comte y resta indifférent ...

C'est un révélateur de conscience. En théorie cela sonde l'âme. Cela ne marche pas sur les animaux ou les morts vivant. Chez moi cela ne marche qu’à moitié ... le liquide reste flou et ... ne me rend pas fou.

Dit-il en souriant dans un rictus. Puis la surface bouillante se calma et pris cette fois une teinte blanche et pure. Le visage de Selesnya venait d'apparaître dans un reflet et celui de Saritram se figea tant la terreur et la surprise était palpable.

... ou presque.

Rajouta t'il en se calmant et fermant les yeux sur sa demi-soeur. Son poing se ferma sur le liquide redevenu argent et celui ci se tortilla jusqu'a rentré dans la flasque comme s'il obéissait au vampire.

Et vous Sieg Hart ? Reste-t-il quelque chose de votre âme ?

Lui dit-il en tendant la flasque au mort vivant.

Cette … chose rend à coups sur un humain fou … mais peut être l’êtes vous déjà devenu.

Peuh ! Faites moi voir ça...

Et alors le mort-vivant regarda à son tour à l'intérieur.
Aussitôt il se sentit partir, transporté dans les méandres de son âme déchirée.

Il vit sa naissance, ses parents.
Il vit l'apparition de la Marque, et le malheur qui s'en suivit.
Il se vit, seul dans sa demeure, le sang de ses défunts parents sur le bout des doigts...

Il vit sa rencontre avec les Saurus.
Il reconnu l'amour qu'on lui apporta dès lors.

Il vit...le massacre de ses compagnons, dans un grand bain de sang.
Il se vit, seul dans son ancien village, le sang de des défunts compagnons, sur ses habits tout tâchés...

Ces images floues...qu'il ne savait plus interprêter...
Toutes, elles se finissaient dans le sang...


Sieg Hart ne bougea pas. Il paraissait trembler d'horreur.
Ses veines battaient sur son visage.
Puis il parvint à se calmer à son tour. Il reprit un air détendu, puis finit par esquisser un simple sourire, qui malheureusement n'était pas crédible.

Hmph...c'est bien ce que je pensais...
Non, je ne me souviens de rien...