La respiration haletante, elle cessa de courir, éssouflée, tandis que retentirent derrière elle les hurlements d'une troupe entière composée d'hommes et de femmes, furieux et frénétiques.
Un amas de piques, torches et faux, levées vers le ciel, coupait l'horizon traversant l'innocent et orangé soleil couchant. Et, la jeune elfe entendait déja l'émeute scander jurons imprononçables, ainsi que les noms des peines funestes accordées aux meurtriers, réclamant un aller simple pour l'elfe dans les abysses de Sarwyen.
Selmae serrait entre ses bras son long manteau en étoffe pourpre et reprit sa course sur le long et large sentier qu'empruntent les marchands ambulants la journée. Plissant les yeux, la jeune sorcière glissait sa main en travers de son visage pour protéger ses yeux de la poussière que le vent, qui se levait à peine, entrainait sur son passage.
[...]
Le jour s'était levé mais Selmae ne distinguait même pas le soleil à travers l'épaisse brûme qui tournoyait autour d'elle. Le ciel était recouvert d'un impénétrable voile blanc et du volupte brouillard qui envahissait la jeune femme, ne jaillisait qu'une lumière grisâtre et limpide.
Elle continuait de marcher, lentement, inconsciente et son esprit endormi tandis que sous ses pas, le sol molissait. Elle entrouvrit ses yeux, la bouche aussi béante que celle d'un arrièré, et s'étonnait de fouler une terre noire, émincée en une multitude de fines et minuscules poussières. Selmae tombait à genou et serra son poing sur le sol.
-De la cendre ? ...
Elle regardait avec stupeur la poudre noire qu'elle avait sur les mains et leva lentement la tête ... Autour de la jeune elfe se découvrait les ruines d'une ancienne et vaste citadelle. Elle se releva puisant dans ses dernières forces. Mais titubante et fatiguée, elle s'évanouit tombant lourdement sur le sol, les bras en croix, alors que non loin, dissimulée derrière quelques pierres, une sombre créature guettait l'intru et s'appretait à le receuillir ...