La disparition

Le théâtre était devenu très calme depuis quelque temps. A bien y réfléchir, les ombres firent remonter la dernière activité dans ce lieu au retour de sa propriétaire la nuit où le lézard du nom de Saucar trouva la mort. Le seul bruit qui sortait des fissures des vieilles pierres était le glissement des blobs. Ely était devenue invisible.

****Flashback****
Elle se réveilla fatiguée, le corps endolori et l’esprit embrumé. Les blobs qui s’agitaient autours d’elle semblait inquiet, presque paniqué, mais son réveil sembla laisser apparaître une ombre de soulagement sur leur corps visqueux. Elle se redressa en s’appuyant sur son coude gauche et les questionna.

Deux jours ?? Elle avait dormi deux jours ? Ely avait du mal à croire ce qu’elle venait d’entendre et pourtant...Deux jours. Mais qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’elle dorme autant.

Elle se leva et marcha difficilement dans la pièce qui lui servait de chambre. Elle n’arrivait pas à rassembler ses idées. Elle se rendit jusqu’à la salle principale du théâtre et s’assit sur le rebord de la scène. Ses yeux fixèrent vaguement les doubles portes qui fermaient l’accès au hall. Elle ferma les paupières pour réfléchir.

Saucar…Elle était sortit pour tuer Saucar. Elle se souvint l’avoir trouver et l’avoir défié. Et après ? Etait-il mort ou le combat avait-il été interrompu par l’arrivé d’une tierce personne ? Elle rouvrit les yeux et sauta sur le sol devant la scène. Elle marcha lentement jusqu’à une des pièces des coulisses où elle entreposait ses armes et chercha son bâton. Un petit tour dehors lui ferait sûrement le plus grand bien. Elle ne le trouva pas à sa place. Intriguée elle questionna du regard ses amis qui la guidèrent jusqu’à la pièce où se trouvait son livre. Le bâton était posé à côté de celui-ci. Elle stoppa net devant la porte. Le livre était ouvert. Quelqu’un était venu pour le lire ! Un sourire s’afficha sur son visage. Personne ne pouvait comprendre le langage utilisé pour l’écrire. Mais quelque chose clochait. Normalement, un puissant sortilège empêchait à un inconnu d’en tourner les pages. Elle avança et découvrit qu’elle avait laissé un message sur la dernière page écrite.

« OoOOOOoooOoooOOOOoooOoO OOOoOOOooooOOoOoOooo »

Elle ne se souvenait pas avoir écrit cette phrase. « Pose ta main sur cette page ». Elle s’exécuta et fut prise alors dans un tourbillon d’énergie.
Saucar…le combat…Le lézard volant contre les murs et celui-ci combattant jusqu’à la jeter au sol. Et puis…
Les images des dernières minutes du combat la firent tomber en arrière. Les paroles du vieil homme écrite au début du livre résonnèrent en échos aux images dans sa tête.

« Le pouvoir absolu, l’essence même de ton âme jaillira de ton corps lorsqu’il jugera nécessaire d’apparaître. La victoire te sera assuré, qui que soit l’adversaire que tu affrontera. Mais cette victoire aura un prix. Un prix très lourd à payer…Chaque fois que cette essence libèrera sa force, elle s’épuisera et te détruira. »

Il y a deux nuits, elle avait usé de ce pouvoir sans s’en rendre compte. Elle était revenu dans son antre aidé par ses blobs et avait réussis à laisser une trace de ce combat dans la mémoire du livre. Et maintenant…

****Retour au présent****

Elle les avait vu roder autour du théâtre sans toutefois chercher à y entrer. Ils voulaient venger la mort du lézard. Mais ils étaient restés dehors. Savaient-ils ? Non, elle était seule le soir du combat et rien ne pouvait deviner ce pouvoir et même…comment pourraient-ils y croire ? Non, ils hésitaient car ils connaissaient Saucar. Ils savaient qu’il n’était pas un faible et que pour le tuer il y avait fallut qu’elle se montre plus forte que lui…qu’eux tous.

Elle devait partir. Pas par peur de les affronter, mais par peur de ce pouvoir. Car elle avait peur maintenant qu’il était réveillé.
Elle passa plusieurs jours à chercher une solution. Un nouvel exil dans les terres ? Elle risquait de ne jamais comprendre son pouvoir. Alors aller où ? Elle tourna et retourna dans sa tête toutes les solutions et bientôt, une seule était envisageable.

Elle rassembla ses affaires et jour après jour, les blobs quittèrent les lieux pour retrouver la trace de ceux qu’elle allait rechercher. Puis l’un d’eux revint porteur de la nouvelle. Il les avait retrouvé, ils étaient encore vivants dans ce monde.

Elle sortit du théâtre et le regarda une dernière fois avant de le faire s’embraser. Une colonne de flamme s’éleva dans le ciel obscur de la nécropole. Le crépitement brisa le silence mortuaire du quartier. Les goules s’approchèrent de leur ancien domaine en poussant un râle de désespoir. Jamais plus il ne pourrait reprendre leur bien. Juste les décombres.
Sur le mur d’en face, elle avait écrit avec du sang : « Nous nous reverrons »

Elle quitta la ville sans lui jeter un dernier regard et s’enfonça dans les Terres de ce monde pour retrouver ceux qui l’avaient accueillit dans une autre époque…