Cela faisait un mois à présent que le Félys nommé Rico avait disparu. Depuis lors que les tristes habitants de la nécropole l’avaient libéré, il n’avait plus donné signe de vie. Pour seule preuve de son passage se trouvaient sur le sol boueux quelques traces d’un Félys galopant, ou quelques fois une silhouette au clair de lune était visible quelques secondes. Le destin l’avait finalement mené à airer ainsi dans les rues désertes de la citée.
Durant tout ce temps, sa vue lui était progressivement revenue et ses blessures avaient cicatrisé. Son poil, bien que sal, était redevenu brun clair et sa crinière avait recommencé à pousser.
Seule sa cicatrice sur son visage semblait rester irréductiblement présente. Elle n’avait quasiment pas évolué et semblait ouverte comme au premier jour.
Mais il avait du mal à supporter cette solitude. Ayant peur que le monde extérieur ne l’accepte pas, il se tourna vers la seule personne prête à lui parler amicalement. Celle qui l’avait sauvée, accueilli et soigné dans ce lieu si inhospitalier. Une Félysse qu’il avait eu l’occasion de revoir de temps en temps au détour d’une rue. Mais jamais il ne s’était laissé voir et ne lui avait parlé.
Un jour, Rico l’aperçut sortir de sa maison. Elle se dirigea vers la Foret et disparu au loin. Cette occasion était à saisir. Il fallait qu’il surmonte sa peur et qu’il aille lui parler.
L’isolement et cette douleur constante qu’il recensait l’avait cloîtré dans une sorte d’isolement psychologique qu’il voulait briser au plus vite… Avec quelqu’un en qui il pouvait avoir confiance, cette Félysse dont il ignorait encore le nom, mais qui jamais ne lui ferait de mal.
Il approcha doucement de la maison en prenant grand soin, comme à son habitude de ne pas être vu, et pénétra sans peine dans la maison par la porte d’entrée qui n’était pas fermée à clef. Il reconnut vite le lieu dans lequel il avait passé quelques minutes les yeux obscurcis pas le sort de son tortionnaire. Il visita la maison comme si c’était la première fois qu’il en voyait une. Sans doute ce séjour dans la nécropole lui avait fait oublier la vie « normale ».
Une table, un lit, des chaises…
Le confort du lit de la maîtresse de maison lui procura un plaisir comme il n’en avait pas connu beaucoup.
Dans les tourments qui préoccupaient son esprit, les moments de bonheur étaient devenus rares, cela se voyait sur son visage balafré à travers l’expression de son regard.
Il céda à la tentation et s’installa pour quelques minutes sur le lit bien fait de la Félysse, mais un sommeil réparateur l’envahit.
Pourtant mêmes dans son sommeil, les cauchemars rendaient sa vie infernale : des images de morts, de massacres, de celle qu’il aime.
Durant son sommeil, sa plaie se remit à saigner, laissant couler sur les draps ce qui ressemblait à des larmes de sang.
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