[BG] Ely

Voici TOUT mon rp, qui débute avec la fin des Danaïdes jusqu'à avant mon arrivée ici.
La suite arrive prochainement.

La jeune fille était accoudée sur le rebord du garde corps qui entourait la petite terrasse de sa chambre, la tête baissée vers le parc où les blobs se reposaient mais son regard se perdait dans le vide. De temps en temps, elle repoussait une mèche de ses longs cheveux noirs de la main. Elle soupira. Elle ne comprenait pas ce qui se passait et pourtant sa décision était prise. Cette nuit, elle quitterait le dôme et disparaîtrait à jamais dans les terres isolées de ce monde qu’elle haïssait.

Comment ce sentiment d’impuissance avait-il pu gagner en grandeur dans son esprit ? La question revenait sans cesse ces derniers jours.
Elandyne se redressa et rentra dans sa chambre. Elle regarda autours d’elle le décor qu’elle avait installé durant tous ces mois passés ici et soupira. Tant de souvenirs plus ou moins bon d’une époque qu’elle considérait comme perdue dans les méandres du temps.

Tout avait commencé par le banquet qui selon elle, était la pire erreur jamais commise entre ces murs. Les mâles avaient alors pris de l’importance dans le cœur de ses sœurs. Pendant une nuit, elles avaient eut besoin d’eux et quoiqu’elles aient pu en dire, elles étaient redevenues de simples esclaves de ces hommes. Certaines en étaient même ressorties changée. Bien sur, elles ne le montrèrent pas, le risque de se faire bannir était trop grand, mais Elandyne l’avait lu dans leurs yeux et puis, on se méfiait sûrement moins d’une gamine de quatorze ans.

Et après ? Cara avait disparut, Ilyana était partie. Puis d’autres de ses sœurs quittèrent la forteresse et ne revinrent jamais. Amazonia, Madoka puis Anima. Elle serait la prochaine, dans sa détresse, elle n’avait pas trouvé d’autre solution.

Elle marcha jusqu’à son bureau et attrapa quelques feuilles de parchemin. Nouveau soupir. Le Danaïdement Vôtre auquel elle avait pris un immense plaisir à écrire des sujets avaient été purement et simplement annulé. En partie à cause du départ de Cara. Des rumeurs dans la forteresse laissaient entendre qu’un dernier numéro verrait le jour. Une sorte de lettre d’adieu à ce monde. Ridicule, inacceptable ! Elle donna un grand coup de main sur la pile d’objets posée sur le bureau qui vola à travers la pièce.

Le doute avait commencé à s’emparer d’elle. Pourquoi ? Un vide avait alors commencé à s’installer en elle. Bien sur, elle avait suivit Dolphi lorsque cette dernière avait repris le flambeau. Mais ce n’était pas suffisant. D’autre chose se passait. Mais elle était de plus en plus dégoûtée par le comportement de ses sœurs qui quittaient la tribu. Voilà que maintenant, le Haut conseil décidait de la dissolution de la tribu. Elandyne en avait assez. Elle se sentait rejetée, abandonnée mais pire que tout, trahie.

Elle attrapa un sac en peau de tigre des neiges et entassa ses affaires à l’intérieur. Elle prit également quelques objets qui comptaient pour elle. Ses poupées, une couronne de fleurs, une de ses jarres d’hydromel qu’elle avait mis de côté après la soirée sur baduk ainsi que quelques autres trucs dont elle se débarrasserait sûrement en route. Elle enfila son armure et prit ses armes. Elle regarda autour d’elle. Elle ne laissait pas de mot d’adieu.
Elle ramassa ensuite la corde qu’elle avait posée sous son lit et l’attacha à son balcon avant de la jeter dans le vide. Elle regarda plus bas et aperçut ses blobs sautiller doucement plus bas. Puis elle se laissa glisser le long de la corde et posa les pieds dans le parc. Les blobs se déplacèrent vers elle pour l’accueillir. Elandyne se baissa et tapota l’un d’eux.
« Nous allons partir maintenant, mais il ne faut pas faire de bruit. »
Elle se redressa et se dirigea vers la porte de l’enclos qu’elle ouvrit sans un bruit. Elle fit signe aux blobs d’avancer. Ils se dirigèrent vers l’entrée du campement et quittèrent le dôme ensemble.

Une lanterne s’alluma dans une des pièces. Une de ses sœurs venaient de se réveiller. L’aube n’allait pas tarder à se montrer et certaines aimaient se lever pour partir des que les premiers rayons du soleil se montrent. Elle ne reconnut pas la forme qui apparaissait derrière la fenêtre. Cela n’avait aucune importance de toute façon. Elle détourna la tête et regarda droit devant elle. Au loin, les lueurs de la ville. Elle partirait dans la direction opposée.

« En avant mes amis » dit-elle à ses blobs. « Nous resterons ensemble, loin de mes semblables. Je n’ais plus confiance en eux. Je n’ai plus confiance en personne. »
Elle s’agenouilla et passa ses bras autours de ses jambes. Elle soupira et de grosses larmes chaudes coulèrent sur ses joues.
« Il ne me reste plus que vous mes amis. Un jour où l’autre, mes autres sœurs m’abandonneront elles aussi, les humains…les humains, je les déteste tous. Ils n’ont pas de cœur, il ne pense qu’à leur propre personne et pas aux autres. Alors, laissons les entre eux ! »

Sa voix était brisée mais la détermination se lisait sur son visage. Elle se releva et regarda une dernière fois le dôme. Puis elle tourna le dos à ce monde en se promettant que ces sœurs garderaient une place en elle, ainsi que tous ceux qu’elle avait rencontré, Climbx et les ReBeLs, Mamie FSMD et ses barbares buveurs de bière naine…Elle n’avait pas envie qu’ils pensent qu’à son tour, elle les trahissait.

C’est ainsi qu’Elandyne quitta le foyer qui l’avait accueillit quelques mois plus tôt. Sans un mot, sans une explication, sans un au revoir. Le soleil se leva sur la vallée, les oiseaux gazouillèrent, un léger vent frais vint caresser les feuilles des arbres. Et d’un pas léger malgré la lourdeur de sa peine, la jeune fille disparut dans la forêt.

L’isolation et la descente aux enfers

Elandyne avait erré plusieurs jours à travers les Terres d’Argent. Elle avait traversée des forêts, franchit des montagnes, parcourut d’immenses plaines avant de trouver refuge dans un endroit isolé du monde. Elle s’était installée en ces lieux et créée son nouveau refuge, loin de tous. De temps à autre, elle apparaissait en ville, cachée sous une cape, pour venir y revendre quelques objets, acheter de nouvelles armes ou des potions. Les gens l’avaient surnommé la fille au blob. Elle était en effet toujours accompagnée par le même petit blob des forêts. Elle avait relâché les autres dans leur habitat. La séparation fut difficile, mais elle savait qu’ils seraient plus heureux chez eux que dans une région non appropriée où elle ne pourrait leur créer un espace qui leurs conviendraient.

Personne n’avait réussis à trouver sa cachette. Quelques hommes avaient tentés de la suivre, mais ils ne revinrent jamais pour raconter ce qu’ils avaient vu. Un jour, les corps de plusieurs d’entre eux furent retrouvés déchiquetés par les animaux sauvages qui peuplaient la région. Pourtant, tous étaient certains que la jeune fille était responsable de cette boucherie. Mais personne n’osait lui en parler lorsqu’elle se montrait au village. Elle ne parlait avec personne et refusait tout contact avec ses semblables. De temps à autre, elle écoutait les conversations pour savoir si quelqu’un parlait des Danaïdes. Le souvenir de ses sœurs avait disparut des mémoires. Elle était même certaine qu’une immense fête de joie avait eut lieu lorsque le dernier numéro du dernier Danaïdement Votre était parut. Elle avait réussit à s’en procurer un numéro et l’avait aussitôt jeté dans un feu. Oui, ses sœurs avaient signé la plus grande victoire que les mâles n’aient jamais connu de toute l’histoire des Terres d’Argent. Sa colère et sa haine pour les hommes montèrent de plusieurs degrés suite à la lecture du parchemin. Mais ils n’étaient plus les seuls à être victime de ses coups. Les femmes qui baissaient les bras devant les mâles, les femmes qui se laissaient asservir ou dominer ne méritaient plus de vivre. La lame de son épée commença donc à se teinter d’un rouge du sang de toutes les créatures de ce monde.

Elandyne se fit de plus en plus discrète, si bien que bientôt, les villageois pensèrent qu’elle avait quitté la région. Et pourtant, elle survivait paisiblement dans sa cachette, entourée de ses petits compagnons blobs. Même son nom était perdu à jamais dans les limbes du temps. Mais elle était toujours là et entre plusieurs parties de chasse, elle réfléchissait sur le monde qui l’entourait. Et plus ses réflexions se faisaient profondes, plus elle se sentait incapable d’y retourner. Elle se remémorait de temps en temps les conditions qui l’avait conduite à prendre part à ce combat contre les mâles et leur ego démesuré qui les conduisaient à croire qu’ils étaient les maîtres de ce monde agonisant. Ils ravageaient tous sur leur passage et rien ni personne ne semblait pouvoir les arrêter. Et elle avait rejoint les danaïdes mais le souffle qui avait poussé cette tribu à combattre s’était épuisé. Seules quelques-unes continuaient le combat, mais ce n’était plus pareil. Elles n’étaient plus respectées. Aujourd’hui, les Danaïdes n’existaient plus pour elle. Peut-être qu’un jour, l’envie de reprendre ce combat remontra à son paroxysme, mais en attendant, elle resterait ici, entourée de ses compagnons.

En quittant la tribu, elle avait pensé que la malédiction qui l’avait frappé en y entrant disparaîtrait. Mais malheureusement son métabolisme continuait de vivre au ralentit. Pourquoi ? Cette question revenait souvent durant les longues heures où elle passait à méditer et réfléchir. Avait-elle une mission à remplir ? Etait-elle punie pour un de ses actes ? Elle était donc condamner à regarder les saisons défiler et la nature suivre son cours tandis qu’elle ne vieillirait toujours pas.
Et plus les jours se succédaient, plus son cœur se refroidissait et son âme s’obscurcissait. Les mâles, comme les femmes ou les enfants endoctrinés par la stupidité de leur condition devenaient les créatures à abattre. Plus les jours se succédaient et plus son cœur et son âme la conduisaient à tuer tous ses semblables.

La déchéance et la perte d’identité

Un couple d’inconnu se disputait au bord de la petite rivière qui coulait entre les arbres non loin de sa cachette. La raison de cette bagarre ? Elandyne n’en avait que faire.
Ce qui lui importait, c’était le comportement des deux humains qui se trouvaient non loin d’elle et qui poussaient des cris qui faisaient fuir les animaux dans toutes les directions. Les yeux noirs de haine de la jeune fille se posèrent d’abord sur le mâle. Il avait agrippé le bras de la femme et hurlait plus fort qu’elle. Puis, son regard coula doucement sur la femme qui cherchait à le repousser. Elle commença à sangloter et prononcer des excuses pathétiques qui ne semblaient pas atteindre l’homme.
Elandyne mit la main à son épée et la sortit du fourreau sans un bruit. Elle avança droit vers eux et ils ne s’aperçurent de sa présence que lorsqu’elle leur dit :

« Vous n’avez plus votre place sur ces Terres. Votre mort et votre silence rendra à la nature une partie de la place que vous lui avez prise. »

Sa lame trancha d’abord la tête du mâle. Le sang gicla sur plusieurs mètres et éclaboussa les deux femmes. Elandyne ne broncha pas, mais l’inconnue hurla de plus belle. Le poing de l’ancienne Danaïde se referma sur son épée en la serrant de toutes ses forces.

« Nous nous sommes battues pendant des mois entiers, nous avons tout fait pour que les femmes soient respectées ! Et aujourd’hui, j’ai en face de moi une pleurnicharde incapable de tenir tête à un mâle. Ton comportement est indigne de la lutte que j’ais menée à côté des plus farouches guerrières de ces Terres ! »
La voix d’Elandyne glaça le sang de la femme. Elle arrêta de crier, regardant la jeune fille brandir son arme à quelques centimètres à peine de son visage. Elle n’eut pas le temps de prononcer de réponse. La lame affûtée vint lui percer le cœur et lui ôta la vie.
D’un mouvement sec, Elandyne retira son épée du corps de sa victime qui s’écroula au sol dans un bain de sang.

Ce genre de meurtre était devenu courant dans le quotidien de la fille aux blobs. Chaque soir qui passait, elle s’endormait en repensant au bienfait qu’elle procurait à la nature. Une nuit, elle se réveilla en prenant une décision. Les Danaïdes était morte, Elandyne devait mourir. Elle se leva sous le regard des blobs qui vivaient près d’elle, et se dirigea au sommet d’une colline avec un sac sur les épaules. A l’intérieur, toute une collection de poupées à son effigie que son ancienne sœur Yassinda avait dessiné.
Elle alluma un feu et ouvrit son sac. Yassinda. Elle se demandait ce qu’il lui était arrivé. Un jour, elle avait crut comprendre que sa sœur c’était marié. Elandyne n’osait y croire. Et les autres ? Aenor, Dolphi, Loona…

Elle jeta toute les poupées la représentant dans le brasier et regarda les flammes danser en dévorant le tissu. Elle se déshabilla et jeta ses vêtements dans le bûcher. Elle enfila alors une sorte de soutane à cape qui la recouvrit des pieds à la tête.
Elandyne venait de mourir. Ses anciennes convictions, ses sœurs, son image et son nom brûlaient à jamais dans les flammes qui s’élevaient jusqu’à la lune orangée qui brillait haut dans le ciel.
Elle leva son épée vers les étoiles et cria dans la nuit la phrase qui guiderait à partir de cette nuit son destin :

« Je suis Ely !! Je suis sur les Terres d’Argent pour les purifier des humains qui ne sont pas digne d’y côtoyer la beauté de la nature et la fougue des créatures qui la peuplent !! »

Et comme pour lui répondre, le feu s’intensifia et illumina son visage d’une lueur orangée en faisant danser des flammes dans ses yeux.

Le temps passait et Ely s’enfermait de plus en plus dans un univers hostile pour tout ce qui l’entoure. En peu de temps, sa solitude lui avait fait perdre le souvenir de ses anciennes sœurs. Elle ne les voyait plus et n’avait pas eut de leurs nouvelles depuis son départ. Son esprit lui souffla que simplement, Danaïde elle n’était plus et que par conséquent, inutile elle était.

Cette idée fut renforcée par deux rencontres qui furent un autre tournant décisif de la voie dans laquelle elle s’était engagée. Deux anciens alliés aux Danaïdes aveint croisés sa route. Deux, l’un après l’autre, deux jours de suite. Grumdal et Climbx, deux barbares du clan des Rebels. Elle les avait reconnut tout de suite et un fugace sourire s’était dessiné sur son visage. Deux mâles qu’elle connaissait surtout de par leur réputation. A chaque fois, elle s’approcha d’eux. Mais…
Mais les deux la frappèrent. Les coups puissants de Grumdal la laissèrent presque sans vie. Il disparut ensuite, sans un mot ni un regard pour sa victime. Peut-être ne l’avait-il pas reconnut ? Elle se releva, s’aidant de sa double lame Danaïde et rentra alors frustrer dans sa tanière. Elle resta toute la nuit à essayer de comprendre. Pourquoi ?

Le lendemain, elle croisa Climbx. L’occasion d’essayer de comprendre ce qui s’était passé la veille lui semblait incroyable et elle décida d’aller lui parler. Mais une fois de plus, des qu’elle fut à porté de l’épée du barbare, les coups s’abattirent sur elle sans pitié. Cette fois-ci, elle s’écroula dans la poussière du cimetière alors que les spectres entamèrent une danse de joie autour de son corps sans vie.

Elle dut son retour parmi les vivants à l’amour que lui porte ses amis les blobs. Sans savoir comment, ils avaient réussis à l’arracher de l’autre monde. Sur elle, rien d’autre que la trace des coups laissés dans sa chair, le vol de son or et le gouffre qui venait de briser son moral. Pas un mot de cet ancien allié pour expliquer son acte. Où était donc passé cet honneur qu’ils avaient à une époque ? Elle passa sa furie sur les spectres qui avaient arrêtés leur tourbillon infernal autour d’elle. Bientôt, ils se retrouvèrent définitivement dans l’autre monde.

Le soir, elle s’installa dans un cercle que ses compagnons gélatineux avaient formé afin qu’elle réfléchisse. Elle ferma les yeux et plongea dans ses réflexions qui duraient parfois des heures entières.
A partir de cet instant, Ely comprit qu’elle n’avait jamais rien été pour ceux qui l’entouraient. Juste la gamine qu’on avait accueillit par pitié et qu’on exhibait de temps à autre.

Elle ne pleura pas sur ce destin qui lui brisait le peu d’amour qui restait au fond de son âme. Au contraire, cette douleur la rendit alors plus forte.
Les Rebels la traquait et la prenait pour cible, les FSMD n’avait jamais répondu à sa demande de préserver l’amitié qui lui avait semblé naître lorsqu’elle avait rencontré Mamie FSMD.

C’est comme ça qu’Ely se retrouva définitivement seule.
Non, pas seule. Les blobs étaient avec elle, fidèles et loyaux. Ses seuls compagnons de route étaient ce qui la retenait dans ce monde où elle n’avait plus sa place.

Au loin, le ciel s’obscurcissait et le tonnerre grondait. Il était tant pour elle d’aller faire payer leurs crimes aux habitants de ces terres.

Le rêve


Le temps passa. D’étranges phénomènes vinrent bouleverser le cycle qui faisait tourner le monde qu’elle ignorait totalement. Elle sortit de sa retraite pour observer les hommes paniquer devant ces changements qu’ils n’arrivaient pas à comprendre, ni à enrayer. Les petites formes qui sautillaient à ses côtés ne semblaient pas plus affectés par ces bouleversements que la jeune fille.
Les jours et les nuits passèrent. Rien ne semblait venir la déranger dans sa retraite jusqu’au rêve, ou cauchemar, qui vint troubler un sommeil paisible. Elle se réveilla en sursaut constatant que sa respiration et son cœur battait à un rythme fou.

Les dieux avaient besoin de son aide ? Qu’ils se débrouillent. Elle avait fuit ceux qui l’entouraient depuis pas mal de temps, ce n’était pas pour aider ceux qui ignoraient depuis toujours les crimes de ce monde. Et puis, si cette femme avait l’intention de dominer les Terres, peut-être que tout changerait, pour le meilleur. Elle se rendormit donc et à son réveil tôt le matin, elle avait déjà mis de côté l’appel à l’aide.

Le nouveau mal qui traversait le monde ne la perturbait pas. Elle continuait à se couper des autres, à s’enfermer dans sa solitude en compagnie de ses seuls amis blobs. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’elle n’avait pas vu un de ses semblables. Pas qu’elle les évitait, mais il se faisait plus rare. La raison la frappa de plein fouet lorsque pour des besoins d’équipements elle se rendit au village. Celui-ci avait été réduit en cendre. Il ne restait plus que des maisons calcinées et des corps sans vie sur le sol. Mâles, femmes et enfants avaient été exterminé. Par qui ? Et pourquoi ? Elle serra le poing. Une vieille fureur se réveilla en elle. La même qui l’avait fait rejoindre les Danaïdes il y a très longtemps.
Elle sortit son arme et avança prudemment dans ce qui était les rues de la ville. Sur la droite, il ne restait plus que la pancarte indiquant la boutique de potions. Sur la gauche, les décombres de la banque. Pas un bruit ne montait vers elle. Elle s’aperçut alors que toutes les terres qui l’entouraient étaient mortes.

Comment avaient-elle pu ne pas voir ce qui se passait ? Les yeux aveuglés par sa haine de ce monde, celle qui se faisait appeler maintenant Ely, seul mot que ses blobs arrivaient à prononcer, affrontait maintenant la dure réalité de plein fouet. Etait-ce cette mystérieuse femme qui était à l’origine du chaos ? Elle devait en avoir le cœur net et seule une de ses anciennes sœurs pourrait l’aider à y voir plus clair.

Pendant des années entières, Ely traversa les quatre terres sans retrouver leurs traces. Celles-ci avaient disparut mais elle sentait qu’elles étaient en vie quelque part. Elle rencontra quelques survivants, lutta contre un mal inconnu et voyagea jusqu’aux confins des mondes. Elle se rendit dans une des régions les plus reculées des Terres d’ Argents. Une région qui portait le nom de Tutoria. Là elle ne rencontra quasiment personne. Seuls quelques personnes vivaient sur ces terres et aidaient les nouveaux venus pour la poursuite d’un périple devenu inutile.

« Tu arrive trop tard mon enfant. » Lui dira un vieil homme aux oreilles pointues. « Je ne peux plus briser la malédiction qui te transforma il y a bien longtemps et te fit oublier ton passé. Elle a vaincu les Dieux. Plus rien ni personne ne pourront la défaire. »

« Mes anciennes sœurs, où sont-elles ? Avec elle, nous reprendrons le combat ! Nous pourrons la vaincre ! »

« Tes sœurs ? Elles sont sûrement devenus ses esclaves, comme chaque être de ces terres. » La voix plein de tristesse de l’homme troubla le cœur d’Ely. Cela faisait des années qu’elle ne s’était pas sentit aussi mal en elle. Des milliers d’images remontèrent à la surface de son esprit, provoquant en elle une décharge d’émotion qu’elle ne put supporter. Elle s’enfonça dans le noir de l’inconscience et s’écroula sur le sol.

Depuis combien de temps était-elle évanouie ? Elle se redressa lentement. Elle était à l’intérieur d’une vieille cabane. Un homme, non, un elfe se tenait face à elle. Il était encore plus vieux que le précédent.

« Tu te réveille enfin Ely. Il y a 135 ans que je ne t’avais pas vu. »

Elle se demanda si elle ne rêvait pas. 135 ans ? Ce vieillard devait avoir la santé mentale très atteinte.

« Il y existe une seul solution à ton problème. Mais toi seule pourras accomplir le miracle. Ecoute Ely, écoute bien »

Et l’homme lui parla de tout. Son passé, la malédiction, Thanédel et des Dieux. Elle suivit alors ses conseils et écrivit un livre. Un long livre où elle relata son histoire depuis qu’elle avait quitté les Danaïdes. Puis le vieil elfe revint la voir et lui expliqua comment revenir en arrière.

« Ma magie fut puissante en un temps ancien. Thanédel l’a fait quasiment disparaître, mais il m’en reste suffisamment pour te renvoyer dans ton passé. Tu ne te souviendras pas du futur, mais ce livre te permettra de te guider. Quand veux-tu revenir ? »

Ely réfléchit. Avant la disparition de Cara ? Si elle la retenait et lui montrait le livre, peut-être que sa sœur resterait près d’elle. Non…elle ne savait même pas pourquoi elle était partie. A son entrée chez les Danaïdes ? Non. La malédiction qui fit d’elle ce qu’elle devint en franchissant les portes du dôme risquerait de s’amplifier et de faire disparaître le livre.

« Je veux revenir juste à mon réveil après le message des Dieux. »

L’homme hocha lentement la tête et commença le rituel. Il traça au sol une multitude de symbole mystique autour de la jeune fille en prononçant des paroles dans un langage inconnu. Puis, la vision d’Ely se troubla et le sommeil s’empara d’elle.

Elle se réveilla, la respiration rapide et le cœur battant à la chamade. Les Dieux avait besoin d’elle. Qu’ils aillent se faire voir !
Les blobs à ses côtés la regardait étrangement. Un éclair déchirant le ciel fit apparaître une ombre de son corps qui lui fit pousser un cri. Elle passa sa main sur ses oreilles. Elles s’étaient allongées et étaient devenus pointues ! Elle se leva brusquement et fit tomber son livre au sol. Son livre ? Elle ne se souvenait pas s’être endormie après avoir lu. Elle le ramassa et le prit délicatement.

« Ce livre n’est pas à moi. Est-ce vous qui me l’avez apportés ? »


Les petits blobs s’agitèrent.

« Ely, Ely, Ely ! »

Elle l’ouvrit et remarqua que c’est de son écriture qu’étaient faites les phrases. Elle s’assis dans un coin et alluma une torche. Puis, elle commença la lecture du récit qui bouleversera toute sa conception du monde, de la vie et de sa propre histoire…

Les blobs s’agitèrent, bondirent dans tous les sens et commencèrent à quitter la cachette où ils avaient passés de longues années.

« Ely ! Ely ! Ely ! »

Puis sans se retourner, la petite troupe disparut dans la forêt en direction du monde perdu de Tutoria.

« …/… Tutoria…Un monde étrange où le plus puissant des guerriers se retrouve aussi faible qu’un nouveau né. Un monde où tu devras te remettre en question, où tu devras apprendre à te connaître, mais surtout un monde où tu briseras la malédiction qui a fait de toi une humaine. …/… »

Ces lignes tirées du livre trottaient dans la tête d’Ely. Elle avait besoin de savoir si ce qu’elle avait écrit dans ce futur qui ne verrait jamais le jour était réel. Elle avait besoin de savoir si son historie était réel. Mais surtout, elle voulait la confirmation que ce lien qu’elle décrivait dans une des pages, entre elle et les blobs n’étaient pas une fantaisie de son imagination.

Les blobs…Elle se savait liée à eux. Mais à ce point ?

Tutoria apparut. Les forêts, le lac…Tout était comme elle l’avait décrit. Elle passa les premières épreuves, obtint sa première arme. Puis le village lui apparut enfin. Le village où le vieil elfe lui aurait conté son histoire et briserait la malédiction qui la rongeait.

« Te voilà enfin Ely. Cela fait 135 ans que je t’attends… »

Elle observa le vieil homme. Oui, il était tel qu’elle le décrivait. Il l’invita à la suivre dans sa cabane, perchée tout en haut du plus gros arbre du village. Là il lui parla et confirma tout ce qu’elle savait déjà.

« Quant à ta malédiction. Elle ne sera brisée que si tu brises le Crystal d’Amnythérite. Il s’agit d’un objet d’une puissance incommensurable, mais le pouvoir qui coule dans tes veines te permettra d’accomplie cette partie de ta destinée. »

Ely écouta, Ely apprit et Ely comprit.

« La reine des elfes réussis à te protéger alors que tu avais 15 ans. Elle tenait beaucoup à toi, te considérant comme sa propre fille. La magie était déjà très puissante en toi et elle s’en servit pour te cacher. Malheureusement, c’est ton propre pouvoir qui te conduisit à cette amnésie. »

Elle connaissait par cœur les paroles du vieil elfe pour les avoir relut tous les soirs avant d’arriver jusqu’à lui.

« …/… Nous n’avons pas été surpris de te voir rejoindre les Danaïdes. Tout le mal qui t’avait été fait guidait tes pas. Nous comprenions la violence de tes actes et je dois avouer que je les approuvais. Aujourd’hui plus que jamais, tu dois continuer cette lutte afin de les retrouver. Il ne se souviendront sûrement pas de toi et mourront sans savoir pourquoi. Mais jamais nous ne jugerons ces morts, jamais nous ne regretterons ce que tu es. …/… »

Ely quitta le vieil homme au levé du jour, sachant très bien qu’elle ne le reverrait sans doute plus jamais. Ses blobs l’accompagnèrent jusqu’au royaume des nains et la cachette du Crystal d’Amnythérite.
Devant le globe, Ely n’hésita pas. Son bras vengeur libéra la magie et brisa la malédiction. Tout en elle se réveilla alors. Ses souvenirs, son pouvoir…et surtout sa haine, profonde, noire et implacable.
Cette haine qui alluma dans ses yeux les flammes d’un vengeance qu’elle voulait sans retenue, sans obstacle et sans pitié aucune.

Le pouvoir la transporta vers les terres qui lui étaient si familière. Dans la forêt où elle passa les plus jeunes années de sa vie en compagnie de femmes qui l’avaient aidée à grandir. Elle avança entre les arbres, entourée par les formes rondouillettes bondissantes qui la suivraient jusqu’à son dernier souffle.
La clairière apparut entre les branches. Le cœur d’Ely fut animé par une vague de chaleur très brève. Ses sœurs étaient là, à quelques mètres d’elle. Enfin, elle espérait qu’elles aient pus survivre à tous les désastres. Elle franchit les derniers mètres et fut alors frapper par un désespoir qui dégagea autour d’elle une onde de magie stupéfiante qui balaya les feuilles tombées au sol et secoua les arbres comme le frisson due à la morsure du plus terrible des froids hivernal.

A la place du dôme où elle et ses sœurs avaient vécut librement pendant des années, se dressait une tour nacrée.

Les jours avaient passé depuis son arrivé devant cette tour. Elle avait découvert les Ilandryss, tribu étonnante de femmes qui avait essayé d’assimiler les principes des Danaïdes sans en poursuivre le combat. D’abord, il y avait eut cette femme chat…Sheena. Ely avait vu d’un mauvais œil cette felys qui avait tenté de l’amadouer lorsqu’elle lui avait posé maintes questions sur cette tour et cette tribu. Ely avait laissé tombé la conversation du moins, ses blobs l’aidèrent. Il semblait que la vue de ses amis avait fait se hérisser les poils de la femme chat. Du moins, le croyait-elle.

Puis elle tomba sur une gamine qui lui mit les nerfs à vif. Zahra. Elle avait tenté à plusieurs reprises de lui prendre son livre et à chaque fois, Ely fut à la limite d’une double gifle qui aurait peut-être calmé la folie enfantine de cette jeune elfe. Mais une fois de plus, ses blobs la sortirent du mauvais pas. La jeune fille se rua dessus et se mit à courir après. Ely la laissa s’épuiser après eux.

Elle continua son exploration et tomba sur une autre fillette, Cyann. Ely reconnut tout de suite les traits de son ancienne sœur dans ceux de l’enfant. Satinka…Elle avait donc eut une fille puis une petite fille. Mais où était-elle à présent ? La fillette ne lui répondit pas.

Puis enfin, Ely retrouva un visage qu’elle connaissait bien. Aenor. Une de ses sœurs avait survécut. Une de ses sœurs était ici. Les retrouvailles bouleversèrent Ely qui tacha tant bien que mal de dissimuler son émotion. Toutes ces années de solitudes s’achevaient avec les quelques mots échangés avec sa sœur. Mais elle avait changé…

Ely s’installa dans une chambre du neuvième étage. Non, elle s’installa dans tout le 9ème étage. Ses blobs prirent possessions des lieux. Elle posa ses quelques affaires dans une pièce quasi vide, mal éclairé, sans décor. Elle serait parfaite.

Les jours passèrent. Ely apprit à connaître ses colocataires, mais elle ne leur faisait pas confiance. Elle les évitait tant que possible, même s’il semblait impossible de se débarrasser des deux gamines. Mais Ely se souvint de l’époque où c’était elle la gamine…

Chaque soir, Ely faisait bloquer sa porte de chambre par ses blobs. Et chaque nuit, le cauchemar revenait…



« Un ciel d’un bleu parfait où rayonnent un magnifique soleil, un air chaud balayé par un faible vent qui fait virevolter les herbes folles dans une danse joviale où les insectes multicolores s’invitent en volant de fleurs en fleurs. Une petite colline verdoyante au dessus de laquelle tournent quelques oiseaux en poussant de petits cris stridents. Et une petite rivière où s’écoule une eau limpide en murmurant des clapotis au rythme des pierres découpant son lit.
Des cris de joies poussés par des fillettes qui s’amusent avec leurs animaux à s’arroser et se rafraîchir. Les jambes plongés dans l’eau jusque mi-mollet entre lesquels des poissons vif-argent slalom.
Des cheveux dorés qui virevoltent dans l’air en essayant d’éviter les gouttelettes. Des yeux émeraude remplis de bonheur et un grand sourire plein d’amour.

Et puis le silence…lourd, inquiétant, oppressant. Les nuages gris qui inondent le ciel et l’orage qui déchire l’air.
Les cris de joie qui cessent »

Dans son lit, Ely se retourne constamment en gémissant. Non, non, nooooon. Le dernier non est une complainte suppliante. Autour d’elle, comme toute les nuits à la même heure, les blobs se rapprochent, interrogatifs, inquiets. Ely se débat, repousse ses couvertures. Elle commence à avoir chaud, très chaud. De grosses gouttes de transpiration se forment sur son front brûlant et coule sur ses joues, ses cheveux. Sa tunique devient moite, ses poings se serrent.

« Les cris reprennent, mais alarmant. Le noir s’installe et plus rien n’est perceptible. Deux lueurs vertes apparaissent dans l’obscurité. Au loin, des bruits de galops. Mais trop tard.
Une explosion…Une lumière qui blanchit les ombres…Au sol, un corps inerte trempe dans l’eau…Ondine… »


Ondineeeeeeeeeeeee !!!!! Ely se réveille, assise dans son lit, le souffle haletant. De ses yeux grands ouverts jaillissent des éclairs de colère, de haine. Les blobs s’approchent. Comme chaque nuit, elle tapote l’un d’eux pour les rassurer et de son autre main, elle touche le cuir de la couverture de son livre.

Ondine…Des larmes coulent sur ses joues lorsqu’elle tire de nouveau les couvertures sur elle.


Lorsque ses sœurs la questionnaire sur ses cris, elle ne répondait pas. Mais son regard prenait alors une expression de tristesse que ses amies ne voyaient que très rarement chez elle…

Vémir…Le nom l’avait fait frissonner lorsque le sage enfermé dans une cellule du château de Barla l’avait prononcé. Vémir…

Le château de Barla était envahit par une armée à la solde de cet homme. Les anciens occupant du château était retenu prisonnier quelque part et elle devait les retrouver. En compagnie de ses blobs, elle avança prudemment dans les couloirs du sinistre palais. L’odeur de la mort était partout, les cris de douleurs poussés par les victimes des gardes résonnaient entre les vielles pierres de chaque mur. Son bâton à la main, elle marchait lentement dans la faible lueur des torches accrochés aux murs. Ses blobs de feu étant restés dans la tour afin de faciliter sa discrétion. Deux blobs de terre, trois blobs d’eau et deux blobs des forêts avaient fait le déplacement jusqu’à la place forte avec elle.

Les combats dans les couloirs étaient à chaque fois sanguinaire et elle ne montrait aucune pitié. Ses boules de feu fusaient vers tous ceux qu’elle croisait, sans distinction. Gardes ou simples aventuriers, elle n’avait pas le temps de réfléchir à la situation. Les flèches des archers fusèrent à ses oreilles, la magie maléfique des sorciers noirs l’entourait, la sournoiserie des assassins mettait ses nerfs à rude épreuve. A la fin de sa première journée, elle trouva refuge dans les souterrains en compagnie de blobs de vase. Ils l’accueillirent avec plaisir, lui livrant les secrets les plus profonds de ce château.

Vémir…Un nom surgit d’un lointain passé…

Ondiiiiiiiiiiine !!!!! » Le corps inerte de la fillette flottait dans la rivière. Le souffle des hommes était palpable dans l’atmosphère. Les cris de leur folie rugissaient dans ses oreilles. Ondine…Son corps s’illumina d’une puissante aura dorée. Le corps sans vie s’éleva dans le ciel, porté par une puissante magie. La lumière devint aveuglante. Puis autour des hommes, d’étranges formes apparurent, glissant, rampant, sautillant jusqu’à cette armée menaçante. Les gardes reculèrent, le visage couvert par un masque d’inquiétude, de peur. « Maître Vémir, que faisons nous ? » Trop tard. Le corps d’Ondine libéra une puissante vague d’énergie et les formes rondouillardes se jetèrent sur les gardes.

Vémir…Il n’était donc pas mort ce jour là.

A son réveil, Ely ne perdit pas un instant. Des blobs de vase l’accompagnèrent pour la guider dans le labyrinthe de couloirs et lui faire éviter les pièges. Il fallait ouvrir la salle du trône mais une barrière invisible protégeait la pièce. Ely décima un à un les gardes du palais pour enfin se trouver devant leur général. Habilement, elle esquiva les coups d’épée et se maintint à distance du géant en armure. Balayant la pièce avec ses boules de feu, elle réussit à faire plier l’homme avant de lui asséner le coup de grâce de ses mains. Elle sentit son pouvoir grandir après cette victoire. La barrière ne lui résisterait plus.

Vémir…Il était assis sur le trône lorsqu’elle entra dans la pièce. Il se leva et regarda cette femme en cherchant qui elle était. Ses soldats, sa garde rapprochée tombaient devant lui. La femme était animée par une colère sans limite. La salle du trône était plongée dans un brasier infernal. Les teintures, les tableaux, les meubles…Tout brûlait autour d’eux. Ely était maintenant face à lui. Il recula d’un pas pour actionner un mécanisme ouvrant un passage caché sous le trône. De terre surgirent une dizaine de blobs de vase qui lui bloquèrent le passage. Il comprit. Il se retourna vers la femme au moment où un halot de lumière se déploya autour d’elle.

L’instant d’après, il était aux portes de la mort, gisant sur le sol avec tous ses os de broyés. Ely s’approcha de lui. « Pourquoi ? Pourquoiiii !! » Il ne répondit pas. Du sang sortait de sa bouche et ses yeux étaient vides de vie. Ely enfonça son bâton dans le crâne de l’homme. Vémir…Elle en avait retrouvé un mais elle ne savait toujours pas pourquoi.

« Ondine…Grande sœur…Je les retrouverais tous…Je ferais payer à chaque mâle de ces Terres le mal qu’ils t’ont fait…Ondine… »

Sa voix se perdit dans le crépitement des flammes qui ravageait la salle. Elle repoussa du poignet les larmes qui coulèrent de ses yeux. Elle devait être forte, repousser ses limites et vaincre ses faiblesses. Elle regarda le cadavre de Vémir se faire dévorer par les flammes puis se détourna.

Elle quitta le château suivit par ses blobs. En haut de la plus haute tour, un vieil homme l’observait. Il observa un long moment l'ombre dessiné sur le sol par le soleil de cette femme qui avançait vers l'inconnu à la recherche des fantômes de son passé.

Un lien unique, Ondine, Ely et les blobs



Le vent et la pluie qui battaient les portes de la capitale de Barla ne ralentissaient pas l’elfe et ses compagnons. Hormis les blobs de feu qui n’éprouvaient aucune sympathie aux éléments qui se déchaînaient, toutes les autres petites formes gélatineuses glissaient, rampaient ou bondissaient gaiement sur le chemin qui les conduirait vers la ville où Ely devaient retrouver le vieil homme.
La nuit tomba alors qu’elle approchait de la forêt qui entoure la capitale. Ely décida de faire une halte à la lisère de celle-ci afin de se reposer et d’être en pleine possession de ses moyens juste avant d’entrer dans ce repaire de vermines. Elle s’installa près d’un gros arbre et regarda ses compagnons.


Les blobs…Elle sortit son livre de dessous sa tunique et l’ouvrit. Les révélations que lui avait confiées le vieil homme à une autre époque l’avaient profondément marquées. Elle lut à voix basse les phrases qu’elle avait écrite afin que ses compagnons connaissent à leur tour la vérité.


« Cette histoire se passe il y a 150 ans, juste avant ta naissance sur le monde que tu connais sous le nom de Kedok.
Ta mère, comme beaucoup d’autre personne, cherchait une solution pour contrecarrer les plans d’une femme qui venait de s’installer dans la région. Cette femme séduisait tous les hommes qu’elle rencontrait. Elle voulait que les Dieux des terres entendent parler d’elle et qu’ils l’invitent dans leur royaume.
Ta mère, comme tant d’autre, avait compris la menace qui pesait sur les Terres argentées. Mais personne ne fut capable de trouver un moyen d’atteindre la femme mystérieuse pour l’arrêter. Jusqu’à ce qu’un homme trouve une solution. Il exposa son idée à ta mère qui accepta après plusieurs jours d’hésitations et de réflexions.
Ta mère eut deux missions.
Elle dut tout d’abord se rendre au cœur de la forêt de Boudok afin d’y trouver un animal mythique, la licorne et obtenir d’elle une de ses larmes. Le voyage ne fut pas facile mais ta mère trouva l’animal et réussis à revenir avec une larme dans un flacon.
Puis elle dut se rendre dans le Royaume des Blobs sur Kedok et y rencontrer le roi des blobs afin qu’il lui donne une partie de son essence vitale. Là encore, la réussite ne fut pas facile. Mais ta mère s’était jurée d’aller jusqu’au bout de la tache qui l’incombait. Elle revint à nous avec une partie de l’essence vitale du roi et enfin, l’homme se mit à l’œuvre.
Il plaça au cœur du lit d’une petite rivière argentée un plateau de cristal surmonté de deux longues urnes. Il versa dans chacune des urnes un peu du sang de ta mère, de l’eau de la rivière et enfin dans celle de droite, la larme de la licorne et celle de gauche, l’essence vitale du roi blob.
Il prononça une incantation. Une lumière dorée entoura l’urne de droite et une lumière violette celle de gauche. Quelques instants plus tard ; il en sortit deux bébés.
Ta mère s’approcha et les nomma. Celle de droite s’appellera Ondine et celle de gauche Ely. »


Ely referma le livre et regarda les petites créatures qui attendaient autours d’elle.


« Vous l’aurez compris comme moi lorsqu’on m’a compté cette histoire. Je suis votre sœur. Mi-elfe, mi-blob. Si mon apparence est celle d’une elfe, il y a en moi l’essence vitale du roi des blobs qui coulent. Voilà pourquoi je vous comprends, voilà pourquoi nous sommes aussi proche » Elle ajouta dans un rire en attrapant le plus petit d’entre eux : « Et voilà aussi une des raisons qui me font haïr les habitants de ces terres. Ils vous chassent, vous exterminent…Ils payeront pour ce crime et pour les autres. »


Elle passa sa main droite sur la couverture du livre qui détenait d’autres secrets. Maintenant, Ondine n’était plus. Assassinée lorsqu’elle avait neuf ans. Sa mère était morte peut de temps après leurs naissances, résultat de sa quête dont elle savait le voyage sans retour. Une phrase que le vieil homme lui avait dit plusieurs jours après lui avoir expliqué le secret de sa naissance lui revint aux lèvres.

« Lorsque j’ai expliqué à ta mère ce que j’attendais d’elle, elle savait qu’elle ne vous survivrait pas. Oui Ely, je suis l’homme qui il y a 150 ans poussa ta mère à la mort. Celui qui lui demanda d’entreprendre cette longue quête qui se conclurait par ta naissance et celle de ta sœur… »

La pluie tombait toujours, poussée par le souffle vivace d’un vent glacé. Ce soir là, Ely versa une larme en s’endormant. Sa mère, Ondine…Elle vengerait leur mort.